SPIRATES
ou le site qui aurait pu exister...

 

Suite à l'apparition du site spirou.com, voici quelques documents originaux et inédits de qui aurait dû (ou pu) s'appeler Spirates, site parallèle à l'hebdomadaire Spirou qui aurait trouvé là son complément sur Internet.

Le projet n'a pas abouti et la naissance de spirou.com me donne aujourd'hui l'occasion de pouvoir montrer le projet et les débuts d'un site qui aurait pu exister...

Nous étions un petit groupe en 1999 à avoir été en contact avec la rédaction de Spirou pour étudier la possibilité de faire un site Internet en relation directe avec l'hebdomadaire.
Chacun avait sa tâche et nous avions commencé à délirer sur ce sujet.

Ce sont les quelques documents restants que je vous propose ici.


L'idée donc était de faire un site qui reprendrait des documents liés à Spirou mais inédits sous format papier et dont les renvois à l'hebdomadaire aurait pu servir de passerelle.
Le principe était un peu dans l'esprit du Trombone Illustré, pas au niveau du contenu bien sûr mais plutôt pour son côté gentiment "marginal".
On avait donc imaginé une histoire - deux d'entre nous s'occupaient des dessins mettant en scène le Boss, sa nièce et une bande de petits copains (en fait toute l'équipe de Spirates) - et quelques idées propres à Internet comme la webcam ou la poubelle du Boss.

Je remarque néanmoins que les idées n'ont pas été perdues mais l'adaptation n'a plus le même goût, le côté marginal est devenu plus commercial...logique mais néanmoins regrettable.

 

Voici donc pour commencer le synopsis original de l'histoire de la rédaction de Spirou vu par les Spirates...

 

Spirates Story


Le Boss a une sœur (un frère ?) !

Sa sœur (son frère ?) a une fille !

Elle s’appelle Annie !

Annie est donc la nièce du Boss, elle a 10 ans et elle aime la BD.

Pour son anniversaire, le Boss a décidé d’inviter Annie à passer une journée avec lui au journal de Spirou, elle en est ravie, vous pensez…

Arrivée à 9h, le Boss la présente à son bras droit Benoît ( le bras gauche tenant sa casquette…) et à Blandine, sa secrétaire, demandant à celle-ci de la surveiller du coin de l’œil, avec les jeunes on ne sait jamais…

Après avoir bu un chocolat chaud au distributeur et regardé tous ces dessinateurs, l’œil hagard, les mains tremblantes appuyer sur les boutons de cette pauvre machine afin d’en obtenir « un p’tit serré » bien chaud, indispensable à la création, Annie se mit en route et explora l’étage.

Arrivée sur le palier, elle tomba d’abord sur un gros Monsieur, tout rouge qui criait des mots incompréhensibles « …contrats…signerai jamais… ». Il disparut au coin du couloir mais elle entendit un grand bruit suivi de mots qu’elle ne connaissait pas…elle partit en courant.

Plus loin, elle vit un bureau vide plein de choses bizarres et demanda qui travaillait là. On lui répondit qu’il s’agissait d’un ancien garçon de bureau qui inventait des choses bizarres mais qui avait enfin trouvé un acheteur. Il avait fait fortune et était parti vivre dans les îles avec une certaine Jeanne, son chat et sa mouette. Il avait gardé contact avec son ami André mais celui-ci nous ayant quitté, on ne savait pas ce qu’il devenait. Depuis on n’avait plus touché à ce bureau et l’odeur bizarre qui s’en dégageait poussa Annie à s’éloigner…ça sentait la morue…et les fraises aussi…

Elle continua sa visite, rencontrant des tas de gens qui courraient dans les couloirs, qui criaient, qui portaient des tas de papiers…elle se dit que ça devait être amusant de travailler dans ce bureau où tout le monde s’amusait…

Elle revint alors chez la secrétaire de son oncle et explorant les bureaux d’à côté, c’est alors qu’elle LA vit !

Une grande armoire grise dans un coin, énorme avec une grosse poignée de travers, un peu rouillée, pleine de poussière. Elle demanda à la secrétaire de quoi il s’agissait. Celle-ci lui répondit qu’elle ne savait pas, elle n’était pas là depuis assez longtemps, mais que personne ne l’ouvrait jamais. Comme on pensait qu’elle contenait de vieilles archives des 20 dernières années, on la laissait là en attendant d’avoir le temps d’en faire l’inventaire et puis de toute façon, la porte semblait coincée par la rouille donc on s’y était habitué, elle faisait partie du décor.

Annie semblait fascinée par la grosse armoire, elle s’approcha et il lui sembla entendre un bruit à l’intérieur. Elle se dit que ça devait être des souris et s’éloigna en regardant quand même par dessus son épaule, intriguée…

En début de soirée, le Boss ayant une réunion urgente et imprévue, un nouveau représentant en casquette venait proposer sa collection de printemps, Annie se retrouva seule dans le bureau et se sentit comme attirée par l’armoire. Vérifiant qu’il n’y avait personne alentour, elle ferma la porte du bureau et s’approcha de l’armoire. Elle prit la poignée dans sa petite main et tourna. A sa grande surprise, celle-ci répondit et la porte commença à s’entrouvrir. Surprise et un peu effrayée après ce qu’on lui avait dit, Annie recula mais comme rien ne se passait, elle revint et tira un peu plus sur la porte qui grinça violemment avant de céder et de déverser son contenu sur le sol du bureau. Annie, surprise se retrouva assise par terre et contempla le spectacle, muette pour une fois et pétrifiée de peur : pas moins de 10 petits personnages venaient de sortir de l’armoire et se trouvaient par terre au milieu des papiers, classeurs et autres objets de bureau divers.

Comme ceux-ci avaient l’air tout aussi surpris qu’elle, Annie se ressaisit et leur demanda qui ils étaient et d’où ils sortaient. Les 10 énergumènes se regardèrent puis fixèrent Annie en lui disant en cœur : « Nous sommes les Spirates ! Et nous vivons dans les archives de Spirou, en particulier dans cette armoire que nous aimons bien…Normalement on ne se montre jamais mais tu nous as semblé capable de nous comprendre alors on a fait une exception. »

Quelque peu éberluée, Annie regarda les 10 petits personnages mais comme ils paraissaient sympathiques, elle n’eut soudain plus peur et se releva pour leur parler.

« Comment êtes-vous arrivés ici et comment tenez-vous tous dans cette armoire ? »

« On avait d"abord été créés par un dessinateur qui voulait essayer la BD sur ordinateur. Malheureusement, un soir d"orage, la foudre est tombé sur le PC et comme il ne fonctionnait plus, on l"a mis dans l"armoire. Mais la décharge nous avait donné vie et nous avons décidé de rester ici. En fait nous représentons la mémoire du journal de Spirou, le côté enfant des adultes, nos « parents » ont grandi mais nous, nous sommes restés et nous avons décidé de faire revivre les grands moments qu'ils ont connus. »

« Oh, bien sûr, nous avons aussi évolué, maintenant nous utilisons aussi l’informatique, les téléphones portables, les fax-modems et tout ça mais notre esprit est resté celui d’enfants et c’est ce côté-là que nous défendons et protégeons. Veux-tu nous y aider ?»

Annie réfléchit vite et leur dit qu’elle était d’accord mais comment pouvait-elle les aider ?

Comme ils ne pouvaient sortir que la nuit en général, ils n’avaient pas toujours accès à tout  et certaines informations leur étaient inaccessibles, c’est là qu’elle devrait intervenir.

Toujours perplexe, Annie leur demandant encore une fois comment ils pouvaient tenir à 10 dans cette armoire.

« Mais nous sommes des personnages de BD, nous n"existons qu'en 2 dimensions…sauf quand on décide de sortir mais là c"est plutôt arrivé par surprise…et des dessins dans une armoire d"archives, ça ne surprend personne…»

Convaincue, Annie se mit à les examiner et ils se présentèrent chacun à leur tour. Il y avait là :

P’tit Eric : un vrai petit Européen, toujours le premier à vouloir sortir de l’armoire pour aller fouiller dans les tiroirs et récupérer des dessins, des ex-libris, des casquettes. Toujours le premier à vouloir jouer aussi, il était très difficile à récupérer quand ils devaient rentrer dans l’armoire…

P’tit Jean : avait toujours soif, il avait continuellement une bouteille de soda en main…

P’tit Chris : un peu plus âgé que les autres, un début de duvet sur la lèvre supérieure, il était très attaché à son ordinateur, une souris toujours en poche d’ailleurs il adorait la nature, les broussailles, les animaux et les zoos…

P’tit Stéph : lui aussi très attaché à l’ordinateur, il était intéressé par tout et avait toujours plein d’idées nouvelles…

P’tit Morti : le plus âgé de la bande, il avait un t-shirt avec un sigle bizarre, un drôle de bouquin en main et parlait beaucoup, il râlait aussi souvent parce qu’on ne voulait jamais l’aider à attraper la bouteille au-dessus de l’armoire…

P’tit Ben : le fou du crayon, il dessinait partout, sur tout et avait plein d’idées de nouveaux personnages…

P’tite Joelle : une fille, plus grande qu’Annie, très sympathique et qui prenait tout et tout le monde en photo, elle posait aussi beaucoup de questions…

P’tit Yman : un autre fou du crayon et surtout des couleurs, les taches sur son t-shirt l’indiquaient clairement. Il était passionné de jeux vidéo et d’Yvette Horner. Comme Annie ne savait pas de qui il s’agissait, elle en déduisit que ça devait être une copine…une grande…Il avait aussi une belle casquette piquée à P’tit Eric…à moins que ce soit celle du Boss ?

P’tite Franz et P’tit Yves : ceux-là se tenaient par la main, ne se lâchaient pas et P’tite Franz avait toujours sa poupée avec elle, P’tit Yves c’était son « copain », elle adorait jouer avec lui dans la cave parmi les bouteilles ou au fond de l’armoire…dans le noir…P’tit Yves avait toujours sa boîte de petit chimiste avec lui mais ça faisait un peu peur aux autres…pourquoi croyez-vous que la porte était coincée ?

Les présentations étant faites, ils décidèrent un plan d’action : il faudrait qu’Annie essaie d’emprunter des dessins inédits, des planches, des textes au Boss de façon à ce que eux, les Spirates, puissent en faire profiter les enfants sans qu’un adulte puisse le changer à sa façon à lui. La monotonie tuait l’imagination et il fallait réagir aussi les Spirates avaient décidé d’agir dans l’ombre mais de manière efficace. Et quoi de plus efficace pour toucher les gens aujourd’hui qu’un ordinateur ? Donc il piquaient les idées et les diffusaient avant tout le monde sur Internet, sans censure. Le rêve serait de pouvoir un jour placer toute une planche de Spirou sur Internet au lieu du journal…là ils auraient vraiment gagné !

Ils avaient déjà une idée : il y avait dans le bureau du Boss un an de couvertures de Spirou d’avance, il suffisait d’en piquer une, de la mettre sur Internet en disant que c’était une avant-première, la couv’ de l’été…6 mois avant…

 (à suivre…)

 

Et voici les quelques dessins restants, réalisés par Denis Goulet...
 

                  

Le drapeau noir des Spirates

Essai de logo

 

 

Annie

Le Boss

L'Armoire

 

Le début de l'histoire (version crayonnée et version couleur)

 

Quelques mises en situation d'Annie...

 

Et la galerie de portraits de quelques Spirates...

P'tit Yman

P'tit Eric

P'tite Joëlle

 

P'tit Ben

 

P'tit Morti

 

On s'est quand même bien marré sur ce projet, même s'il n'a pas abouti...    :o)